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lundi 15 mars 2021

MARS 1871 : l’Histoire, celle très peu apprise à l’école ! A voir sur ARTE Enregistrer au format PDF

Le documentaire Les Damnés de la Commune sera diffusé sur Arte le 23 mars prochain, à 20h50,et disponible dès le 16 mars, et jusqu’au 21 mai, sur Arte.tv.

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Pour le 150e anniversaire de la Commune, Raphaël Meyssan adapte les trois tomes de son roman graphique « Les Damnés de la Commune » (éd. Delcourt) en un documentaire animé construit à partir de gravures de l’époque.

Une expérience qui promet de plonger les téléspectateurs au cœur de cette révolution collective qui a embrasée la capitale dans la deuxième moitié du XIXe siècle, à travers le regard de Victorine Brocher, dont on suit le destin de la fin des années 1860 jusqu’à l’Amnistie votée en 1880.

Un récit inspiré des mémoires de cette femme qui s’est engagée corps et âme dans la Commune de Paris vers l’âge de 30 ans, qui échappera à la répression menée par l’armée lors de la Semaine sanglante, en mai 1871, durant laquelle environ 20.000 personnes seront exécutées, puis enterrées dans les parcs parisiens. Tandis que 40.000 autres seront jetés en prison, et 4.500 déportés en Nouvelle-Calédonie. Après un exil en Suisse, elle finira par revenir en France après l’Amnistie.

« Cette révolution, c’est d’abord une épopée collective. Le film rend hommage aux milliers d’inconnus prêts, à l’époque, à mourir pour la justice sociale. Cette histoire ne s’apprend pas à l’école. Elle nous a été arrachée, a été effacée du roman national par la IIIe République, laquelle s’est fondée sur le massacre des communards », explique Raphaël Meyssan dans un communiqué.

C’est un travail titanesque que l’auteur avait réalisé pour les besoins de son roman graphique, une collecte minutieuse de gravures dans les journaux et les livres de l’époque à partir d’archives ayant exigé huit années de recherche. Le résultat à l’image – qui est le fruit d’un travail de montage, de bruitages, et d’une bande-son, parfaitement orchestré – est tout simplement bluffant.

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>>> La Commune de Paris


Les voix des différents protagonistes sont assurées par des comédiens de premier plan….


ET NOUS ÉTIONS LE 5 MARS …. 13 JOURS AVANT !

Nous sommes le 5 mars 1871 et les drapeaux rouges fleurissent aux fenêtres des quartiers populaires de Paris. A Neuilly, par contre, on ferme les volets. Au Parlement, Victor Hugo s’exclame, prophétique : » L’heure va sonner, Messieurs ; nous la sentons venir … cette revanche prodigieuse… ».

Nous sommes le 5 mars 1871 et dans le splendide appartement du diplomate turco-égyptien Khalil-Bey, un tableau est accroché à une cimaise. Jamais un musée ne l’aurait accepté, celui-là. Son auteur, c’est Gustave Courbet, proudhonien, communard, génie. Ce tableau s’appelle « l’origine du monde »

Nous sommes le 5 mars 1871 et un Ardennais de 16 ans, est arrivé à Paris ; il veut basculer dans « l’ivresse sociale ». Mais les choses n’ont pas encore commencé, alors il rentre. La légende rapporte qu’il serait revenu à Charleville à pied. Menacé de maison de correction par sa mère, il va embarquer sur un bateau ivre de poésie. Il s’appelle Arthur Rimbaud.

Nous sommes le 5 mars 1871 et Louise Michel, fille naturelle d’une servante et de son châtelain de maitre, est institutrice et précurseur(e) de la pédagogie active ; elle écrit aussi des poésies. Quand les cerisiers seront en fleur, Louise passera de l’encre noire au pétrole rouge. En attendant, elle voit parfois un ami, un fragile et discret chef de bureau qui poétise le soir ; il s’appelle Paul Verlaine. Il sera communard, discret.

Nous sommes le 5 mars 1871 et Nathalie Lemel, fonde « la Marmite », ancêtre des restaurants du cœur. Nous sommes le 5 mars 1871 et à Londres, Karl Marx demande à Elisabeth Dmitrieff, russe, 20 ans, dirigeante de l’Union des femmes, de gagner Paris … « parce qu’il va se passer quelque chose ».

Nous sommes le 5 mars 1871 et comme tous les jours, Henriette Toulemonde s’est fardée pour aller faire le trottoir. Ça fait longtemps que cette prostituée de la misère ne réagit plus quand les policiers se moquent de son nom qui tombe comme une prédestination. Elle sera l’égérie furieuse des barricades, fusil à la main, promettant une nuit d’amour à qui se battra. A l’officier versaillais qui, un jour de mai, lui désignera son poteau d’exécution en lui disant : « toi, fous-toi là », elle répondra : « qui êtes-vous, Monsieur, qui tutoyez les femmes ? »

Nous sommes le 5 mars 1871 et Charles Hugo, fils d’Adèle et de Victor, secrétaire de Lamartine, marié à Saint-Josse-Ten-Noode à la bruxelloise Alice Lehaene, a 44 ans. Il n’a plus que 13 jours à vivre.

Nous sommes le 5 mars 1871 et Louis Rossel, provençal protestant, capitaine de l’armée française à Metz, démissionne de l’armée. Professeur bénévole en école ouvrière, il avait écrit : « On leur a appris à lire mais pas à la manière de s’en servir ». Il a 27 ans. Il aura toujours 27 ans. Il n’est pas socialiste mais gagne Paris et rallie la classe ouvrière. Le général De Gaulle vouait un véritable culte à cet officier qui avait dit « non ».

Nous sommes le 5 mars 1871 et Gustave Rouland, Gouverneur de la Banque de France, écrit à Thiers, chef du gouvernement conservateur ; il lui dit toute la peur que le peuple de Paris lui inspire : « ces gens-là Monsieur, c’est la République Rouge ; ces gens-là, Monsieur, ne connaissent qu’une défaite, celle qu’on leur infligera par la force ».

Nous sommes le 5 mars 1871 et les danseuses des folies bergères écrivent une lettre publique au gouvernement Thiers pour protester contre le défaitisme, la lâcheté et la politique anti-sociale des classes dirigeantes.

Nous sommes le 5 mars 1871 et Jules Vallès, enfant battu, journaliste, fait paraître le premier numéro de son journal : Le Cri du Peuple, sur une feuille grand format, 5 colonnes à la page, vendu 10 centimes.

Nous sommes le 5 mars 1871 et il fait encore très froid dans les hautes sollitudes de Kabylie. Depuis plusieurs semaines, El Mokrani et son frère Boumezrag, constatent ainsi qu’il y a de moins en moins de soldats français. Ils repartent en masse à Paris où il se passe quelque chose … Alors ils lancent un mot d’ordre : « Unfaq urrumi » ! Guerre décoloniale. Le plus grande révolte kabyle va commencer dans 13 jours. Aussi ..

Nous sommes le 5 mars 1871 et Eugène Varlin, artisan-relieur, syndicaliste, internationaliste, se souvient qu’il avait déclaré à son procès pour fait de grève en 1869 : « tant qu’un homme pourra mourir de faim à la porte d’un palais où tout regorge, il n’y aura rien de stable dans les institutions humaines ». Rien …

Nous sommes le 5 mars 1871 et à l’orphelinat des mauvais pères de la charité, Jeannot dit « le frisé » se réveille dans son dortoir de merde … Bientôt il deviendra pupille de la commune, bientôt, comme des centaines d’enfants en armes, il ira sur les barricades venger son enfance saccagée.

Nous sommes treize jours avant la Commune insurrectionnelle de Paris. L’heure va bientôt sonner. L’heure de la revanche prodigieuse …

Jean-Paul Mahoux, historien, écrivain et quelques autres trucs.

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